Gentils coquelicots, Madame

A la Galerie Nei Liicht de Dudelange, jusqu’au 10 février, un Monsieur Français- Jean Rault, photographe de son état, revient du Japon. C’est la huitième fois depuis 20 ans qu’il y va et il dit son intention de poursuivre ces voyages. Il cultiverait les femmes et visite les jardins, rompt des tabous, encourage au déshabillement. Etre nu au Japon, paraît-il cela veut dire fatiguer ses vêtements, alors que nous sommes d’abord nus avant de nous habiller. Nos idées reçues ne sont pas les mêmes que les leurs. Ainsi ce Monsieur au nœud papillon s’invite-t-il chez les dames pour la cérémonie du thé – qui prendra une heure- selon- et qui ravigote, prêts au combat, sans pourtant vouloir se battre. Des dames très comme il faut qui n’auraient jamais reçu de Monsieur seul, encore moins au nœud pap’ et n’auraient jamais de la vie montré la moindre épaule. Eh bien lui, Jean Rault, réussi l’impossible : elles se dépoitraillent, elles s’assoient sur le carrelage, le regardent faire sa photo d’elle(s), les poils pubiens coiffés. Des travestis aussi allongés dans l’escalier vêtus d’un filet, répondant au nom de « Bubu dans un escalier » à Kyoto.En ce qui concerne les jardins, c’est écrit dans art presse, il fixe la verticalité des pousses. Il figure également dans la collection personnelle de Monsieur Jacques Chirac, président de la République française. Jean Rault dit aussi qu’il travaille comme s’il tondait l’herbe, sachant que cela ne sert à rien.

Anne Schmitt

Texte paru dans la presse au Luxembourg en 2006 sous la plume de Madame Anne Schmitt, à l’occasion de l’exposition personnelle de Jean Rault au Centre d’Art Nei Liicht à Dudelange.